Le Complexe Du Blogueur | Petit Manuel De La Déprime

« Mais on s’en fout en fait que ton blog soit lu et apprécié par plein de gens parce que le truc, c’est que ce blog, c’est toi qui l’alimentes, sur ton temps libre. C’est un plaisir à la base mais si ça devient une corvée…on s’en fout que les statistiques explosent sur ton blog. Fais ça d’abord pour toi.
Si c’est fait avec le cœur, ça se ressentira. Et peu importe que ce soit imparfait, qu’il y ait une coquille ou une photo floue. Toute cette perfection, ça devient chiant à la longue. »

J’ai droit à ma remise en question blog au moins une fois par an. Vais-je continuer, qui ça intéresse, n’est-ce pas vachement égocentrique tout ça…Et puis il y a la famille, l’entourage qui calme le jeu. Ça fait du bien d’entendre ça. Comme ça fait du bien, paradoxalement, de réaliser à quel point on peut se mettre la misère tout seul. On est ridicule, on en rit, et puit on reprend sa route en faisant en sorte de ne pas rester prisonnier du Petit Manuel De La Déprime :


SE COMPARER

Jamais, Ô grand jamais, vous ne devez vous comparez à qui que ce soit. Si vous devez être meilleur que quelqu’un, c’est meilleur que vous-même. Et blablabla. Oui on le sait mais voilà, la blogueuse (ndlr : je n’oublie pas la gente masculine mais force est de constater que la saturation de la blogosphère est essentiellement d’origine féminine #girlpowertasvu) est attirée par l’interdit et se compare joyeusement à d’autre blogueuses (tu le sens le sarcasme ?). Et je n’y échappe pas. Ben non. Combien sommes-nous à écrire, à publier du contenu de qualité (ou le pense t’on) et à se demander si quelqu’un nous lit effectivement. À prendre dix clichés, si pas plus, du même plat/veste/sculpture/café/cupcake/sol/bouquet de fleurs/imprimé ‘marbre ‘ (je plaide coupable) et j’en passe, persuadées d’être originales parce que si cela a déjà été vu, ce n’est pas le même plat/veste/objet/sculpture/café/cupcake/sol/bouquet de fleurs/imprimé ‘marbre ‘. Et j’en passe.
À se répéter que les « likes » n’importent pas, tout en s’émerveillant par la suite d’en recevoir, pour finalement déchanter , persuadées que l’herbe est plus verte ailleurs…

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Merci Sinead

CROIRE TOUT CE QU’ON VOIT

…et si elle l’est c’est aussi parce qu’elle est aidé. Les publications sur les réseaux sociaux, et le net de manière générale, nous renvoie vers une réalité que je ne qualifierai pas de virtuelle mais plutôt de contrôlée. S’imaginer quelqu’un sous 27° à cause/grâce à cliché de ciel bleu … posté avant qu’il pleuve pour la journée (la semaine?). Se dire que toutes ces blogueuses qui publient à la chaine sont bien mieux organisées /disciplinées/attentives de leur lectorat (et toi tu es la vilaine, au cas où tu n’aurais pas compris). Et c’est surement le cas…pour une minorité. Actuellement, je connais peu de blogueurs qui vivent stricto sensu de leur blog. C’est donc possible mais ce n’est pas la norme. Je fais partie de celles et ceux qui ont un boulot à plein temps et qui doivent puiser dans leur temps libre pour alimenter leur blog sans négliger les proches. Quand la journée de boulot s’achève, une seconde commence. Sans oublier le ménage, les factures, bref la vie quotidienne en somme, celle qui ne fait pas rêver et que donc on ne publie pas (bah non, à moins que ce soit celui d’Harry Potter, personne ne veut « liker » la photo d’un balai)

PRENDRE CONSCIENCE DE CE QUE LES AUTRES CROIENT

Mais c’est quand on se compare à moi, que je me sens le plus mal. Si vous saviez combien de fois on me dit à quel point j’ai de la chance parce qu’avec mon blog je suis invité dans des restaurants et je reçois des cadeaux. Stop. Halte. Il m’arrive d’être invité au restaurant mais c’est très rare, j’insiste. Quant aux cadeaux, ça arrive, je ne vais pas mentir, d’ailleurs je ne l’ai jamais caché. Mais si d’aventure l’un-e d’entre vous souhaite se lancer dans l’aventure du blog pour ces motivations, je ne peux que lui parler de ma propre expérience : mauvais plan – ça va se sentir à des kilomètres. Personne n’aime les rappiats.

Tenir un blog, c’est chronophage et le retour sur investissement n’est pas toujours à la hauteur. Reste encore à définir quelle est ladite hauteur : devenir célèbre, être lu(e), partager une réflexion, en susciter d’autres, c’est personnel. D’ailleurs, quand vous lisez des blogueurs clamer haut et fort que le blog n’a rien d’un délire égocentrique y a de quoi rire. Bien sûr que c’est égocentrique ! À des doses variées, mais égocentrique. Égo-centrique, tourné vers soi. Ben oui. Boum, révélation. On ne parle pas de ce qui nous fait chier (amaaaa, elle a écrit ch***), on parle de ce qu’on aime, de ce qui nous intéresse, nous révolte, nous transporte. Cela peut déchainer les passions et engendrer commentaires ou autres marques de soutien – ou paraître puéril, et dans ce cas-là on éteint son écran ou on passe à autre chose, inutile de déverser sa bile.

Au final, ces quelques exemples pourraient me mettre la déprime et c’est un peu le cas, mais jamais très longtemps car quand je regarde le chemin parcouru, du haut de mes 30 ans, je n’ai rien voler à personne, rien à envier à qui que ce soit. De manière non exhaustive,

– j’ai voyagé seule, et je voyage encore beaucoup
– réussi mon permis, et même du premier coup
– participé à des compétitions internationales. Remettre ça fin du mois mars
– voir mon petit blog finaliste aux Weekend Blog Awards
– fais les études que je voulais et travaillé dans ce domaine
– sans avoir fais de solfège, lire une partition en moins de deux heures et l’avoir fais sans peine
– mangé un chou de Bruxelles sans le recracher
– trier mes vêtements, les donner, les ranger
– classer toute ma paperasse, et en garder une trace
– discuter avec un sans-abris, savoir que son chien s’appelle Sandy
– guider des touristes, leur conseiller un restaurant
– et pour la beauté du geste, sourire aux passants

Tous les jours, nous remportons de grandes victoires., nous posons des actes significatifs. Ils ne mettent pas le net en émoi, ils ne créent pas le buzz mais ils n’en sont pas moins prestigieux. À leur niveau, dans des circonstances précises peut-être, mais tout de même. Alors si aujourd’hui, votre acte le plus fort aura été de sortir de votre lit, de passer un coup de fil, de vous laver les cheveux, de manger un fruit… bravo. Donnez-vous une gommette. Pas la gommette de merde qui se décolle au bout de dix secondes (amaaaaa, elle a écrit m****). Non, monsieur, non madame, je vous parle de la gommette de compét’. Celle avec des paillettes, et si elle brille dans le noir c’est encore plus chouette.

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Même toi Steve. C’est juste plus subtil

Ce complexe du blogueur s’applique à tous (et non, pas besoin de prendre 15 fois votre thé en photo pour vous comparer et vous sentir nul-lle, si ça ce n’est pas une bonne nouvelle !). Je vais certainement encore me comparer, parce que c’est ce que malheureusement on nous enseigne dès le plus jeune âge. À l’école d’abord avec les résultats, les vêtements, les jouets. Tout au long des études puis au boulot avec les évaluations, les sélections, parce que ça nous entoure et que comparer nous permet de choisir. SI je dois me comparer à quelqu’un, je choisis alors de le faire, si pas intelligemment, avec conscience et respect envers moi-même avant toute chose. Il y aura toujours quelqu’un pour nous dénigrer. Épargnons-nous.

Donc voilà, ne nous foutons pas de tout ni de tout le monde, mais n’accordons non plus pas plus d’importance que nécessaire à ce/ceux qui finalement n’en vaut pas la peine à nos yeux. Je termine en vous dévoilant mon acte fort du jour, celui dont on se fout royalement mais pour lequel j’attends une parade et autel : je me suis levé avant 07h30.

TATATATAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !

C’est quoi le tien ?


14 réponses sur « Le Complexe Du Blogueur | Petit Manuel De La Déprime »

  1. Je crois bien que ca fait longtemps que je n’avais rien lu qui me touche autant. Je t’ai decouverte via ton compte instagram et c’est surtout le côté sportif qui m’interesse.

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  2. Salut Marie. Merci beaucoup! J’avais commencé un blog sportif mais gérer deux blogs prends énormément de temps, du coup c’est devenu une catégorie sur ce blog. Je ne suis ni une pro, ni une scientifique mais si tu as des questions ou qu’un sujet t’intéresse, et que je peux aider, ce sera avec plaisir

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    1. Eglantine!!!

      Merci…ça me va droit au coeur! Mais c’est parfois dur de se dire qu’on écrit dans le vent et que ça n’intéresse personne. Dur quand on voit la population mondiale! Et puis justement je me dis que 500, 3000, 700 000 ou 3 millions de followers, à l’échelle mondiale ce n’est pas grand chose.

      Belle route avec ton nouveau projet, je te suis activement!

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  3. J’aimerai commencer un blog « livre » et je me suis poser certaines des quetions reprises dans votre article. Tres interessant. Auriez-vous des conseils à partager?

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    1. Bonjour Sonia,

      une info sera justement partagé demain sur la page facebook du blog mais je te la donne déjà 😉 connais-tu le Café Numérique? La conférence du 09 mars traitera de l’éthique du bloggeur, c’est une partie de l’activité blogging mais essentielle et que beaucoup de bloggueurs zappent, intentionnellement ou non.

      J’ai pensé rédigé un article à ce sujet, mais pas mal de bloggueurs s’y sont déjà essayé. À réfléchir. En revanche je suis tout à fait disposer à te répondre en privé, il me faudrait pour cela ton adresse email 🙂

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  4. « Commentaire d’un homme blogueur » C’est vrai que avec un boulot (d’indépendant :p), une vie sociale et sportive, c’est pas facile de trouver le temps d’écrire. Mais je n’abandonnerai pas !

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Et vous, vous en pensez quoi? And you guys, what do you think about it?