Sport | autre terrain des inégalités hommes-femmes

Hommes-Femmes. Le mode d’emploi est différent, le traitement aussi. Et le sport ne fait pas exception.  Avez-vous remarqué qu’on parle de sport et de sport féminin ? Pourquoi cette « précision » ? Un peu à la manière de policier et femme policier. Pourquoi ne pas dire policière ? Est-ce un policier mais avant tout une femme ? Le message est-il similaire dans le sport ?


À titre strictement personnel, je pense que la femme ne sera jamais égale à l’homme et inversément. Et ça me rassure. Si j’admets envier la possibilité des hommes d’uriner debout je suis pleinement ravie d’être une femme. Ce qui me révolte par contre est le maintien d’une différence de traitement social et économique. Salaires différents pour fonctions égales ou équivalentes, répartition disproportionnée des responsabilités présumées et assumées. Le tout, nourri par un feu de clichés  : se battre « comme une fille », courir « comme une fille », les femmes sont fragiles et j’en passe.

Une couverture médiatique sélective

Ce que nous savons actuellement du sport nous est fourni par les médias mais est aussi fonction des instances européennes et nationales. Et nul besoin d’être un spécialiste pour constater d’une part que le focus désigne essentiellement des évènements de grandes envergures (compétitions mondiales), avec l’omniprésence de disciplines bien précises (football, formule 1) et d’autres part que si la place des sportives ne se réduit plus à peau de chagrin elle demeure sensiblement inférieure. Ne soyons pas dupes, historiquement le sport a été conçu par l’homme pour l’homme – la femme n’étant bonne qu’à couronner les vainqueurs selon feu M. de Coubertin. Fort heureusement l’histoire est appelée à évoluer, comme en témoigne l’introduction de la boxe féminine aux Jeux Olympiques de Londres*.

Nicola Adams - championne olympique de boxe
Nicola Adams – championne olympique de boxe

Dans cette quête de l’équilibre Eurosport s’inscrit comme pionnier puisque la chaîne télévisuelle a été l’une des premières à diffuser les compétitions où les sportives sont à l’honneur. Le 24 janvier 2015, s’est tenue la seconde édition des 24h du sport féminin. Pour l’ édition 2016 par contre, il a été question des 4 Saisons du Sport Féminin en réaction au fait que le sport féminin n’était pas une activité ponctuelle mais bien omniprésente tout au long de l’année. Un grand titre pour un évènement passé quasi inaperçu. L’initiative tout aussi belle soit-elle démontre bien qu’il y a un malaise : il y a le sport…et le sport féminin. Je ne m’imagine pas un instant présenter des personnes de cette façon :

– salut, je te présente mon ami fille et mon parent femme
– tu veux dire ton amie et ta maman ?

giphy

À mon sens un pas supplémentaire et significatif sera franchi le jour où il n’y aura plus cette distinction ou lorsqu’on harmonisera les pratiques. Coupe du Monde Féminine, Coupe du Monde Masculine…avec à l’horizon, non pas une problématique mais un autre sujet Ô combien houleux dans certaines chaumières: quid des transgenres? (tintintin musique de suspens). Il y a tant à dire et à réfléchir sur le sujet que je ne prendrai pas le risque de m’éloigner de celui qui nous occupe ici. Seulement je trouve cela tellement désolant de voir qu’en 2016 avec un champs des possibles si vaste, l’angle d’observation prédominant persiste à être binaire. Le blanc, le noir. Le bien, le mal. Le chaud, le froid. Les hommes, les femmes. Comme si l’univers entre les extrémités n’avait aucun intérêt ou si peu.

Quand j’ai commencé le sport à huit ans, je ne me suis jamais demandé si je faisais un sport de fille. Je faisais du sport et j’en étais ravie. 22 ans plus tard, cette envie est toujours présente. Alors à tous, et en ce 8 mars à mesdames particulièrement, je vous souhaite d’oser sortir de votre zone de confort et d’empêcher quiconque tenterait de réduire vos ambitions ou de vous cantonner à un rôle.

 


4 réponses sur « Sport | autre terrain des inégalités hommes-femmes »

  1. je me suis mise à la course à pieds, rien d’extraordinaire mais je suis fière de pouvoir tenir un peu plus à chaque sortie! Je vois sur le net fleurir des groupes de running au féminin. c’est aussi une précision mais pas seulement, c’est aussi l’occasion de s’entraider et de se motiver entre femmes. En tout cas billet intéressant avec pas mal de réflexions à la clé

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    1. Bonjour Anna,

      merci pour le message. Je suis entièrement d’accord avec toi, il ne s’agit pas non plus de faire des généralités ou de monter au créneau dès que l’adjectif ‘féminin’ est utilisé. Se décider à faire du sport peut être un grand pas pour certaines et si le fait de se retrouver entre femmes les aide, les motive, alors ce n’est que du bonus. L’idée étant bien de faire du sport 🙂

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  2. on lit tout et n’importe quoi sur le net, ce 8 mars n’est pas la journée de la femme mais bien de leur droit. Quand on pense que certaines disciplines leur sont encore interdites…merci pour le billet ça fait réfléchir!

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Et vous, vous en pensez quoi? And you guys, what do you think about it?